Ce projet lancé par le Dr.Lakav (oui, l'ancien Monsieur à cravate du hélas défunt Hidden Palace sur Nolife) est simple et alléchant comme des tagliatelles recouvertes d'un onctueux fromage rapé et parfumées à la muscade : revivre les sensations d'une presse hélas défunte (redondance voulue). Oui, cette presse ludique, cette même presse que je cherche toujours plus à reconstituer en mes pénates. le temps où les publications telles Player One, Super Power, Consoles+ et autres Joypad constituaient un vrai pouvoir critique et quelques infos pas piquées des vers, des previews qui faisaient passer les pires daubes pour des mégahits attendus , des astuces qui concernaient toujours des jeux qu'on n'avait pas et rarement ceux qu'on possédait....bref un temps dont je n'ai de cesse de regretter la fin, qui comme de juste correspond à la fin de l'ère des 16 bits.
Après avoir lu le magazine, je ne peux me départir d'une curieuse sensation : joie d'avoir vu et tenu entre mes doigts aux ongles diminués la concrétisation d'un projet qui m'avait flanqué la turgescence quand je le découvris, et déception ....car ce voyage 21 ans en arrière (oui, le mag est daté de janvier 1993, un moment où les mégahits se succédaient et Léo Ferré était toujours des nôtres) s'est achevé de façon bien trop rapide.
OK, on retrouve bien des sensations de la presse de l'époque, le pari est tenu de ce côté. La plume du Dr.Lakav, de Jibé Ze Player et d'autres est à la fois technique et truculente, bien qu'il soit étrange de leur découvrir ce style volontairement "actuellement retardé" comme si le mag avait paru avec deux décennies de retard (c'est ce qui était voulu !), habitué que j'étais du ton documentaire inédit du Hidden Palace...Je retrouve avec plaisir le ton iconoclaste de Jibé Ze Player dont je suis toujours le site et dont j'avais découvert le style "de presse" dans le défunt (ça en fait beaucoup des défunts !) mag Retro Game.
Mais ma déception...enfin le mot est un peu fort, disons l'inachèvement de mon bonheur vient de quelques éléments, dont le plus flagrant est...la courteur de l'ensemble. Pour reprendre la datation de l'ouvrage, en janvier 1993 les magazines ludiques dépassaient allègrement les 130 pages ! J'ai ressorti donc deux exemplaires d'époque, à savoir le PlayerOne n°27 (164 pages), ainsi que Super Power (164 pages itou). Là, le mag s'achève au bout de 36 pages...OK, les coûts de production sont parfois démesurés (votre serviteur sait de quoi il cause !) mais une telle brièveté me heurte...Un peu comme j'aurai salivé devant une pièce montée pour au final n'en recevoir que la cerise au sommet et voir tout le reste englouti pour de cruels pique-assiette !
Les rubriques typiques de l'époque comme le courrier ou les trucs et astuces sont là et sont assez drôles. A l'évidence elles clôturent le magazine de façon plaisante.
En bref ?
Un premier essai réussi dans son concept, mais que j'ai jugé un peu insuffisant dans l'effet. J'ai conscience d'être un public difficile et devenu assez réfractaire au format magazine lui-même (par dépit je l'avoue, vu l'état lamentable de la presse d'aujourd'hui dont je fais les frais en fin de mois !), je suis désormais intimement convaincu que le format "bouquin" ou "mook" est bien plus à même d'avoir un certain succès, de même que l'aspect retrospectif m'apparait être de mise à présent quand on évoque ce bon temps perdu de l'âge d'or du jeu vidéo. Un aspect retrospectif bien évidemment absent ici, mais après tout, cette absence est la définition même du magazine ! J'en viens à me demander si je suis encore capable de jouer le jeu de me projeter 21 ans en arrière. Je pense plutôt que je ne sais plus que jouer le jeu du vieux chauve qui radote, ressassant précisément son attachement à ce vieux temps...précisément car il est vieux et moi aussi en cette année 2014.
Mais il est rare de trouver ses marques définitives dès le premier jet et heureusement et ce que ce soit en presse comme en amour (veuillez me pardonner cette allusion quelque peu égrillarde !). Je souhaite donc que la courageuse entreprise du Dr Lakav se poursuive afin de nous offrir encore plus de numéros qui assurément gagneront en consistance et sauront garder ce qui fait déjà la singularité de l'ouvrage.
LES PLUSSES :
-Impression papier de qualité
-Mise en page claire, lisible, agréable
-Facteur nostalgie opérant
-Une équipe qui connait son sujet.
LES MOINSSES :
-Trop bref
-Quelques coquilles subsistent (l'erreur est humaine et la correction est un des boulots de presse les plus fastidieux qui soient, j'en sais quelque chose à nouveau !)
-Je regrette l'absence des sempiternels "Top jeux vidéo" dont chaque mag à l'époque nous gratifiaient sans que l'on sache sur quoi ils se basaient !
-Et foutral de foutre, MAIS NE DEVAIT-IL PAS Y AVOIR UN TEST DE SUPER ALESTE ?
Yace,
Critique critique qui crie et tique.
