[FANBOY INSIDE 17] Prince of Persia

Tranches de passions surtout rétro et surtout gaming, mais pas que. Alias "FBI" - si les fédéraux débarquent, c'est Yace qui a fait le coup.
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yace
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-Dis Maman, tu me racontes une histoire pour m'aider à m'endormir ?
-Mais oui mon petit, comme ça plus vite j'en aurai fini et plus vite j'irai faire la lessive avec la grosse machine de ton papa...Tu connais les Mille et Une Nuits ? C'est l'histoire d'un méchant grand Vizir...
-Vizir...Comme la lessive en gel liquide que papa te met dans ta machine en criant très fort ?

Je laisse là ce dialogue foireux et vous accueille sentencieusement dans le dix-septième volet de mes Fanboy Inside consacré à Prince of Persia, le jeu originel, celui par lequel la légende est née...Et qui à mon humble avis de vieux schnoque passéiste se serait amplement suffi à lui-même.

Si Prince of Persia mérite qu'on lui rende hommage, c'est pour plusieurs raisons. S'il est devenu avec le temps un des titres les plus emblématiques du jeu vidéo sur micro, c'est avant tout pour l'approche radicalement nouvelle qui est la sienne, de même que la totale pression qu'il met au joueur et surtout pour l'animation positivement géniale du héros, qui est devenue la marque de la fabrique de la saga dans son entier, de ses débuts (glorieux au point de justifier un Fanboy Inside :)) ) à son actualité (dénaturée voire pervertie, sur console comme sur grand écran).

Jordan Mechner : une idée toute bête

Programmeur né en 1964 qui sévit aujourd'hui dans le milieu du cinéma documentaire, Jordan Mechner démarre sa carrière en 1982. Il oeuvre sur un premier titre intitulé Karatéka avant de tenter sa chance pour la première fois en tant que réalisateur, puis devant la relative déconvenue qui solde sa tentative, revient à la programmation avec un nouveau projet, conçu entre 1986 et 1987 pour finalement arriver en 1989 sur nos micros chéris adorés vénérés : Prince of Persia.

Je ne traiterai que du premier jeu de la licence, que j'ai pratiqué et retourné sur Amiga, NES, Master System, Game Gear et Game Boy.

Un conte interactif

L'histoire est somme toute simplissime : Prince of Persia n'est qu'une de ces innombrables missions de sauvetage comme il en existe tant d'autres dans l'univers du jeu vidéo, et c'est pas Mario et son bide qui diront le contraire.
Dans le lointain royaume de Perse, le sultan s'est absenté. Durant cette absence, le principal conseiller du noble chef adoré de son peuple pour lequel il est si bon (je ris moi-même d'avoir écrit une phrase aussi absurde et honteusement contraire à ce bel esprit contestataire qui est le mien), le Grand Vizir Jafar, usurpe définitivement le commandement. Oui mais...Pour être reconnu du peuple de Perse qui mange en une semaine ce que le sultan et son Vizir baffrent en un seul repas, il lui faut définitivement s'unir à la famille tyrannique, euh pardon dirigeante. Et voilà la solution : épouser la princesse !

Aussi, tel un Lord Farquaad dont la taille quelque peu amoindrie et l'égo surdimensionné me font penser à une personne dont la décence m'interdit de mentionner la civilité sous peine de salir définitivement le meilleur forum du Net, Jafar s'en va trouver la fille du sultan disparu et la demande en mariage, un mariage purement opportuniste qui ne trompe personne.

Les introductions sont trop souvent négligées dans le jeu vidéo. Certes, la plupart du temps, on zappe la présentation du jeu pour directement démarrer les hostilités...Mais dans le monde très particulier du jeu sur micro de l'époque, agir ainsi n'est rien moins qu'authentique mutilation. En effet,il n'y a pas d'intro dans Prince of Persia. Le jeu démarre carrément avant que le joueur ne prenne les commandes ! Car tout démarre ainsi...Jafar tend les bras à la princesse qui, fidèle, se refuse à lui avec un demi-tour magistral (à ce propos, quand elle tourne le dos à son prétendant de circonstance, ses longs cheveux sont foutrement bien animés...le détail annonciateur ?). Mais comme l'homme est décidément celui qui commande et la gonzesse celle qui n'a pas d'autre alternative que lui obéir, l'immonde Jafar fait apparaitre un sablier (maintenant je viens de comprendre pourquoi la décadence de la série s'appelle "Les Sables du Temps") contenant une heure de sable.
La princesse a donc 60 minutes pour consentir à cette union...Mais comme Pénélope attendant Ulysse, elle espère que son jeune amoureux saura la sauver avant l'heure fatidique...Mais elle ignore que Jafar l'a déjà jeté dans les oubliettes labyrintiques de sa prison...

A vous de franchir les 12 niveaux et d'affronter Jafar et ses sbires, le tout avant que le sable n'ait scellé l'arrêt de mort de votre promise...Car la princesse préférera mourir que de devenir la Vizirette (putain je sais c'est nase comme vanne).

Un chef d'oeuvre de level design

Pour ma part, j'ai découvert ce Prince of Persia sur Amiga en 1992, oui je sais sur le tard, chez un collègue de classe qui m'a laissé me démerder seul...Et qui l'a regretté tellement j'ai fini par squatter sa bécane car il avait refusé de me prêter le jeu !

Ce qui frappe, c'est l'immensité de l'espace à explorer. Prince of Persia est un vaste dédale réactif et truffé de pièges ingénieux et saupoudré d'une prise de risques conséquente.
Votre quête est subtilement scénarisée : vous échouez désarmé dans les cachots du palais, dès le début vous avez un choix à faire : droite ou gauche ? Ceux qui ont (comme moi) opté dès le départ pour le chemin de droite ont vite compris...qu'il fallait aller de l'autre côté pour enfin trouver un ustensile assez fondamental : votre sabre !
POur le reste, la construction de chaque étape (hormis la dernière qui est en fait le combat final contre l'abject Jafar lui-même) est conçue comme une énorme labyrinthe dont la sortie est subordonnée à plusieurs impératifs, comme vaincre les membres de la garde personnelle du Vizir.

Spécificités de gameplay

L'univers du jeu de plates formes de l'époque a su rester constant jusqu'à une date très récente, pour moi l'arrivée de cette 3D que j'ai beaucoup de mal à ne pas maudire chaque jour un peu plus). Le héros peut faire des sauts disproportionnés (et heureusement), ainsi que se lancer de façon à couvrir des distances incroyables.
Avec Prince of Persia, tout ça c'est fini. Le héros est un homme, et rien qu'un homme. Exit donc les sauts de félin ou de kangourou, ici vos aptitudes physiques ne seront pas celle d'un Super Mario ou d'un Zool, mais celles d'un homme !
Quoique...d'un homme ma foi fort bien enrainé ! Les capacités de notre héros et son agilité sont remarquables, de même que la force qu'il concentre en ses deux biscottos
pourtant pas si musclés...Et ce qui m'amène à causer de ce qui est LA signature du jeu : l'animation parfaitement détaillée du Prince ainsi que la variété de ses mouvements.
Le Prince peut courir, sauter, sauter à la verticale, s'agenouiller pour descendre d'un niveau, prendre son élan et réaliser en conséquence des sauts plus longs, s'agripper, avancer à petits pas...Le tout permettant des combinaisons bluffantes, comme courir pour faire un saut plus long et se rattraper in extremis au rebord d'une porte...Le tout plus vrai que nature, fait extraordinaire en cette époque. Ce luxe dans l'animation et l'excellente décomposition des mouvements du héros est devenue l'identité même du jeu que l'on retrouvera sur tous les supports, même les supports limités commes les 8 bits (NES et SMS) qui seront toutes deux honorées d'une version du jeu qui fait figure de must have dans les catalogues respectifs des deux machines.

Il faut ajouter à ce tableau la grande richesse du jeu en lui-même. Même si l'environnement sonore est ma foi assez sobre (mais bon, qui s'attendait à entendre une salsa endiablée ou de la tectonik dans les salles silencieuses et angoissantes des prisons du si bon Vizir ?) , l'ambiance est foutrement bonne...Car vous aurez toujours un oeil sur le sablier qui s'écoule.

Car c'est une des particularités qui font de PoP un jeu unique : le temps. Toute l'intrigue et tous les efforts du joueurs sont guidés par l'impératif temporel, vous n'avez qu'une heure , pas une minute de plus ! Le jeu pouvait également revêtir un aspect "challenge", en incitant carrémenbt au speedrun, une fois que l'on connaissait assez les 12 étapes...

Car les pièges sont nombreux et tous mortels : chutez de trop haut...et vous pourrez voir votre personnage s'écraser au sol. Courez dans des pics et vous vous effondrerez, empalé comme une saucisse de Francfort dont l'avenir se résume au barbecue puis à l'estomac et aux latrines du consommateur. Mais le piège le plus magistral (et aussi le plus agaçant), ce sont ces herses qui s'ouvrent et se referment verticalement, et qui comme par hasard sont toujours si judicieusement disséminées qu'il est plus que fréquent de finir coupé en deux...A ce propos, la version NES était en ces cas censurée là où les versions micro montraient ces herses tachées du sang du héros quand celui-ci était tué...

Le reste fait des étapes à franchir d'ingénieux puzzles, notamment par l'action des dalles spéciales qui entrouvrent des grilles et ainsi vous débloquent la progression, mais attention, ces dalles spéciales sont à double tranchant, certaines vous cloisonneront et vous feront perdre un temps précieux (le sablier, vous vous souvenez ?), et la plupart du temps, il vous faudra bien mémoriser votre itinéraire et correctement exécuter les mouvements pour arriver à trouver quelle dalle ouvre ou ferme quelle grille...

Et pour finir, votre énergie peut grandir si vous ramassez les bonnes potions dispersées un peu partout...Certaines sont cependant empoisonnées et soit vous diminueront, soit vous tueront aussi sec. A vous de voir ce que vous ingérez...

Tout ça dans un seul jeu de 1989 ?

Et ben oui, ô joueur soit né trop tard soit pas assez curieux ! (heureusement qu'il y a dans l'assistance et parmi vous de véritables mémoires du jeu vidéo). Un jeu conceptuel qui rompt avec le système classique du décompte de vies qui reste l'éternelle norme du jeu de plate-forme (et du shmup aussi !), qui introduit une technique d'animation révolutionnaire longtemps réservée aux exclus micro (par la suite, viendront Another World ou encore Flashback) et une conception des niveau vraiment incroyable et vicieuse (car au début, on crève tous, et c'est comme ça qu'on progresse tant qu'il vous reste du sable en stock).

Tout ceci fait de Prince of Persia un des jeux les plus importants de l'histoire à mes yeux, et surtout parmi les plus originaux, un monument historique qu'il est plus que nécéssaire de connaitre. Aucune déception possible !

Mon record sur la version GB : jeu achevé avec encore 18 minutes au compteur.

Aparté du FANBOY SUPER NINTENDO

Pour son passage sur la 16 bits de Big N, la licence Prince of Persia est reprise par Konami qui nous livre là une version réhaussé du jeu de Jordan Mechner : 7 niveaux supplémentaires pour 19 levels à franchir en non plus une, mais deux heures. Quand les auteurs de Super Castlevania IV remanient un jeu comme Prince of Persia, ça donne un authentique carton auquel je (on ?) revient toujhours avec plaisir, les niveaux relookés virant au machiavélisme le plus poussé vers le 14ème stage... Je sais j'ai dit que je ne parlerai que de la version originelle, mais bon, hein, un fanboy n'est pas toujours de bonne foi.

Aladdin ? Que serais-tu sans Prince of Persia ?

Si vous avez vous le film Aladdin (et vous avez intérêt, il est extraordinaire et aura jusqu'à présent le privilège d'être avec Lilo & Stitch le dernier Disney valable, Pixar exceptés), vous aurez noté des similitudes...Le nom du grand Vizir qui exercice la réalité du pouvoir suite à l'absence du sultan, plus mentale que physique cette fois-ci, est..Jafar. Aladdin fait montre de ses qualités de gymnaste, tout comme le Prince de Perse. Vers la fin, Jafar empêche Aladdin de reprendre la lampe magique et enferme la princesse...Dans un sablier géant en lui disant " le temps vous est compté, Princesse". Overdose ou pas, quand je vis ce film en salle à sa sortie fin 1993, cette réplique m'a de suite fait penser au jeu...

ET pour finir, quand Aladdin présente à celle dont il ignore qu'elle est la princesse la vue depuis son modeste logis, l'image est un copier-coller de celle de l'écran titre de Prince of Persia.

Et pour finir, les jeux vidéos PoP et Aladdin en version MD jouissent tous deux d'une animation optimale et d'un interêt non moins dantesque.

Voilà. Sur ce, je vous laisse, j'ai une couche à changer, un biberon à préparer et à donner, et ensuite enfin fumer ma clope.
Rendez-vous au prochain Fanboy Inside qui risque de me prendre du temps vu qu'il sera concerné à 2001 A Space Odyssey...(putain, l'ampleur de la rédaction serait presque effrayante...Mais ce qui est effrayant est souvant le plus motivant, demandez à mon ami Rob et à son dragon bicéphale ce qu'ils en disent...)
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Zomby
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Excellent test d'un jeu culte que j'ai découvert tardivement lors de sa sortie sur GBC, mais qui m'a fait passer de nombreuses heures de plaisir (et de rage quelques fois :D).

Il faudrait que j'y rejoue un de ces jours.
alinovitch
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excellent test, pour pas changer yace!!! 8)

pour moi la version super nes est la meilleure version. encore un test de toi qui me fais rebrancher ma super. c'est reparti à essayer d'améliorer le temps pour finir le jeu.
Laucops
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Jeu acheté sur CPC peu après sa sortie en déc 89, après avoir bandé comme un âne en lisant le test de Amstrad 100%. Même sur la bécane de M. Sucre, l'animation était somptueuse et la vastitude du jeu intacte.

Pas d'accord avec la décadence de la série, certes Sands Of Time a dû te hérisser par son principe "casual-friendly" (remonter le temps quand on fait une connerie), mais c'est sans doute un des 5 jeux sur lesquels j'ai pris le plus mon pied concernant la génération 128 bits (hors shmups), grâce à son gameplay très bien pensé et son ambiance réussie. La trouvaille de l'équivalent des potions bleues dans PoP faisait presque autant tripper que la sortie bis d'un niveau de Super Mario World (j'ai dit presque).
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skateinmars
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Un de mes premiers jeux vidéos :eek:

Merci pour ton texte Yace, ca me rappelle un de mes premiers PCs, un 386 sous DOS. Je passais mon temps à regarder mon frère taper des commandes bizarres pour lancer nibbles et gorilla en basic, ou encore works, mais c'est peut-être bien PoP qui m'a le plus marqué.
Pourtant à cet age là mon expérience avec le jeu se résumait à des chutes mortelles, ou encore se faire découper par les sortes de guillotines (sans oublier les piques). Je me rappele aussi de certains codes qui permirent à mon frère de voir le niveau du clone, qui ne doit pas du tout être le même en vrai que dans mes souvenirs :))

Bref même si mon expérience fut brève et douloureuse je n'ai jamais touché à un autre PoP depuis, les derniers épisodes étant simplement sans rapport avec l'originel !
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UGO
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Je me souviens, ambiance calme, froide, mystérieuse et énigmatique, en traversant les niveaux de ce jeu, rater un saut et se planter plus bas, écrasé ou empalé dans un endroit pas autrement accessible ou dans un endroit accessible plus tard dans le jeu...
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Rising Thunder
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Mais il est déchainer notre papouné ma parole... :D

Dans le même gameplay mais avec une ambiance différente y a;

http://www.youtube.com/watch?v=Czv3oooHijU
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Laucops
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Je me rappelle que Nosferatu avait été en preview depuis genre fin 91 dans les canards de JV, et que c'était une vraie arlésienne.

A tel point que lorsqu'il a fini par sortir, j'avais un peu lâché la presse spécialisée et je suis passé à côté de l'info, si bien que jusqu'à très récemment je pensais que c'était un unreleased...
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Rugal-B
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Hum, je suis pas sur (pas la boite avec moi), mais Konami n'a pas juste distribué le jeu en France sur SNES? Je me souviens pas avoir vu le logo Konami sur la boite jap...

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Voilà, c'est Masaya, ceusses qui ont fait Valken (également distribué par Konami à l'étranger). La classe internationale du PoP SFC serait donc uniquement due aux programmeurs de Masaya, rendons à Cesar... :P
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yace
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Possible ! A vrai dire, j'i surtout pensé à savourer cet opus :D
Et puis, voir "Konami" sur un jeu snes était du meilleur augure...

Tiens, ça me donne une idée : si j'ai consacré un Fanboy inside à Toilet Kids, une petit rértospective THQ s'imposerait...à titre d'antithèse !
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