[FANBOY INSIDE 45] Skyblazer (Super Nintendo)
Publié : 30 janv. 2011, 19:14
Si vous êtes aussi culturés que moi, vous n'ignorez pas que la Super Nintendo, console de génie devant l'Eternel, était censée accueillir un CD-Rom. Ce devait ête Sony qui allait sortir le CD-Rom Super Nintendo. Hélas, des soucis bassement matériels ont fait avoreter cet excitant projet, mais de cet échec devait naitre une console dont l'impact sur le jeu vidéo fut également énorme, la PlayStation ! Et oui, la Playstation, console qui marqua la fin de toute une époque et le début d'une autre était au départ un projet d'additif à la Super NES...
Imaginez : quelle aurait été l'histoire du jeu de salon si le CD Rom de la 16 bits de big N avait vu le jour ? Lier la ludothèque Super NES et la collection Playstation...Mais hélas, tout ceci ne restera qu'à l'état d'éternelle spéculation.
Sony avait cependant développé quelques titres : l'exécrable adaptation SNES de l'excellent Last Action Hero, que j'ai déjà chroniquée dans l'épisode 30 de cette saga Fanboy Inside que le monde entier nous envie (si si je vous assure) et un autre titre, dont il sera thème ici même.
Bienvenue dans ce Fanboy Inside dédié à Skyblazer sur Super Nintendo.
Cover US & PAL
Cover Jap'
Commençons par une sommaire introduction du jeu : soft de plates-formes sorti sous nous contrées en mars 1994, à une époque où la Super Nintendo avait déjà confortablement institué sa suprématie sur le monde de la console 16 bits, Skyblazer est un conte féérique fruit d'une destinée dont le joueur était à cent lieues de pouvoir quantifier...
Après un écran titre minimaliste, on démarre cette homérique quête de savoir et de liberté. Mais dire que le titre était minimaliste n'est finalement pas si exact.
L'originalité du jeu se fait sentir dès la console mise sous tension. Une musique aux sonorités très "orientales" résonne et ouvre en guise d'opening le discours d'un obscur Raglan...dont on peut deviner les intentions plus que douteuses.
Et le matin se lève...apparemment, votre héros n'est guère qu'un jeune aventurier sans expérience mais dont une voix imperceptible l'appelle vers l'accomplissement d'une noble destinée...Sous une pluie battante, vous allez à la rencontre du démon Ashura, qui n'aura aucun mal..à vous tuer d'un seul coup. Et en moquant votre impuissance de surcroit !
Original, non ? Le soft et l'aventure commencent par la mort de votre héros ! A part Yuyu Hakusho de Togashi Yoshihiro, je ne vois aucun autre exemple d'histoire ayant la mort du principal protagoniste comme point de départ...Ah si, il y a bien Desperate Housewives qui démarre par le suicide de Marie-Alice Young, narratrice de toute l'histoire...Bon, revenons à nos moutons.
Par un sort de magie, le corps de votre héros est ramené à la vie par un vieillard...Et c'est là qu'on apprend réellement le pourquoi du comment. Ce jeune garçon présomptueux est un lointain descendant du seigneur Sky, qui réussit à vaincre Ashura il y a de cela des décennies...La force de l'héritage de Sky coule dans les veines du jeune homme et ainsi, le vieillard dont l'origine et les liens avec le Sky originel sont à jamais un mystère donne ses premiers pouvoirs à ce jeune homme promis donc soit à la gloire, soit à la mort...
Et le jeu démarre. Et oui, tout ceci n'était qu'un prologue interactif façon Castlevania Symphony of the night (qui vous fait revivre la fin de Dracula issue de Dracula X). Et maintenant, à vous de mener votre quête guerrière afin de libérer la princesse de votre contrée, dont les pouvoirs conjugués aux vôtres restaureront la paix.
Le jeu comporte 17 niveaux progressifs figurés sur une carte (à de rares exceptions près, cette carte sera d'ailleurs inutile, chaque niveau devant être accompli afin de livrer passage au suivant). On tient là une carte façon Super Mario Bros 3 en ce sens que rares seront les occasions de choisir entre les stages.
Sky est un délice de maniabilité. Il dispose de sauts aisés à calibrer et à contrôler, de toute une panoplie de coups que l'on peut enchainer façon beat'em all et au fur et à mesure de sa progression, peut user de sort de magie qui s'acquièrent après chaque boss, comme dans un Mega Man. Il grimpe aux murs avec aisance, même le Ninja Ryu Hayabusa de Tecmo pourrait lui commander des leçons ! La gestion des sorts auxiliaires est impeccable : on les selectionne avec les gâchettes de votre pad, un peu comme dans Super Castlevania IV et on les active avec X. D'où une jouabilité très instinctive qui permet de réagir aux diverses situations en un clin d'oeil.
Ces sorts augmenteront considérablement les aptitudes de votre personnage, qui de simple garçon faible au début en arrivera au statut de héros suréquipé face aux ennemis et aux levels, comme c'était le cas de l'excellent Gargoyle's Quest de 1990 sur GB. Sort de lévitation, armes à longue portée, puissance doublée, faculté de guérison...Tout l'attirail d'un parfait jeu d'aventure au service d'un extraordinaire jeu de plate-forme.
Car oui au risque de virer dans la redondance, Skyblazer est un jeu de plate-forme classique mais pas pour autant dépourvu d'originalité. Ce qui saute aux yeux est tout d'abord l'ingéniosité du level design. Les premiers stages recèlent déjà de fort appréciables subtilités, comme les Bois de Faltine où Sky peut littéralement nager dans les feuillages, et plus loin dans le jeu des stages comme la tour de Tarolisk ou le Palais des Glaces font un usage hallucinant du mode 7 et de la rotation hard de la bécane.
En gravissant la tour, le joueur crée lui-même l'effet de rotation, ce qui donne l'impression de réellement prendre de l'altitude tout en effectuant une révolution autour de l'édifice ! de même que les effets de distorsion ne sont pas négligés et donnent même l'un des niveaux les plus conceptuels du jeu, la forteresse de Kh'lar, dans lequel il n'ya aucune plate-forme...Mais uniquement des courants aériens avec lesquels il vous faudra jongler hardiment afin de ne pas être perdu dans les abysses ou vers des sommets aussi insoupçonnés que mortels.
Les boss sont également de vrais chefs d'oeuvre d'animation ou de gameplay.Et c'est tant mieux car il vous faudra vous les farcir deux fois ! Car avant de gagner l'insigne honneur de prendre votre revanche sur Ashura, tous les boss du jeu sont ressuscités et viendront vous saluer à nouveau...Du génie immatériel qui apparait dans de superbes effets de distorsion (et qui n'est sensible que par sa lampe) au boss qui enfle sous vos coups au point de remplir tout l'écran, à vous de trouver la technique et de correctement l'exécuter afin de triompher et de remporter votre prochain artéfact...
Mon boss favori (outre le dernier) reste assurément ce visage encastré dans un mur rotatif qui pivote sur un axe central...OK dit comme ça c'est pas spécialement parlant, même quand on l'affronte on hallucine !
L'histoire vous menera également vers deux niveaux bonus en mode 7 avec des effets de perspectives incroyables, même si le contrôle est volontairement modifié dans ces phases.
Et vous voilà arrivés à la forteresse de Raglan...Oui, ce même Raglan qui vous a accueilli avant qu'Ashura ne vous élimine. Un niveau d'anthologie comparable au dernier niveau de Super Castlevania IV : une phase d'escalade éprouvante (si vous cherchez un labyrinthe ascensionnel avec scrolling vertical et nécessité d'user des armes spéciales à quasiment chaque saut pour espérer réussir sans se casser la gueule, c'est ce niveau qu'il vous faut !), le retour de tous les boss (un moment pas si fatigant en somme, vu qu'entre chaque boss, le jeu vous régénère et que désormais vous disposez de vos pleins pouvoirs, ce qui rend des boss pénibles très simples à éliminer), vous arrivez en face d'Ashura, tout étonné de vous revoir, mais cette fois bien décidé à donner la pleine mesure de son pouvoir destructeur.
Mais désormais, vous êtes Skyblazer et disposez du sort du Phoenix...en arrivant à Ashura, vous comprendrez la puissance de votre Phoenix !
Et voilà, Ashura est vaincu et la princesse est sauvée ! Vous vous apprêtez à célébrer l'accomplissement de votre héroique périple...Mais coup de théâtre, vous allez enfin avoir la réponse à cette question en latence depuis l'allumage de la console...Mais qui est Raglan ?
Raglan...(Attention : spoil !) est une créature diabolique fruit de la fusion entre l'esprit d'Ashura vaincu et le démon Originel, celui-là même qui a engendré le maléfice et la convoitise dès les origines de notre pauvre humanité ! Et vous voilà face à votre destin : vaincre la quintessence du Mal ou aller grossir le nombre des tombés au combat...Raglan est un boss superbe, qui grandit sous vos coups au point de mesurer plus de trois écrans de hauteur ! Son poing meurtrier et ses sorts sauront vous donner du fil à retordre, mais une lecture attentive de son pattern devrait vous aider grandement.
Et voilà..le Mal est vaincu.
Votre héros répondra dès lors à un appel mystique le menant vers des hauteurs insoupçonnées et un avenir incertain, auréolé de grandeur mais aussi d'inconnu...vers ces hauteurs uniquement accessibles aux vrais héros, ceux dont le coeur est pur et le courage indefectible...Qu'adviendra-t-il de lui ? La fin du jeu est absolument superbe, mais énigmatique...Une suite était-elle prévue, ou alors était-ce au joueur de lui-même se créer son histoire de fin après la consécration de son héros au terme de cette quête dantesque ?
Le jeu est en tous cas un vrai bijou, porté par des stages tous merveilleusement bien pensés et construits, un bestiaire superbe : chaque ennemi est animé de manière propre et dispose d'attaques détaillées comme ces centaures archers, ces diablotins invoquant la foudre, ces flammes grimaçantes..Des boss énormes et un scénario homérique...Sans oublier des bandes sonores typées avec ces sonorités "orientales" qui donnent un aspect "Mille et une Nuits" enchanteur...Ce qui me faisait dire plus haut que Skyblazer est un conte féérique.
Un reproche cependant : la difficulté est relativement basse, le jeu se finit assez vite aux mains d'un joueur entrainé et rôdé aux jeux du genre, même si certains stages comme l'ascension ou le palais des vents sont assez déroutants au début. De plus, il existe une technique assez longue mais qui permet de faire le plein de vies dès le début, car si les ennemis respawnent quand on rentre à nouveau dans une salle qu'on a déjà visitée, il en est de même pour les bonus (barre de vie, barre de magie...et 1-UP !). Il suffit donc d'un peu de patience pour avoir 99 vies et donc voir le jeu sans trop de mal et s'assurer un apprentissage sûr...Mais bon, ça ne bousille en rien cette ambiance magnifique faite de persévérance et de majesté. Et puis, le plus intéressant c'est de se fixer des objectifs...au début je finissais le jeu après m'être fait un paquet de vies, et aujourd'hui, j'ai atteint le bonheur avec l'étape finale : ouane crédite clire plus no misse. Et c'est en se lançant des défis à soi-même qu'on s'aguerrit et qu'on apprécie la grandeur de ces hits d'antan, dont l'énormité n'a d'égale que celle du cul de Marianne James (oui vous avez du remarquer, j'ai une horreur avérée pour cette bonne femme qui à elle seule justifie la présence du terme "misogynie" dans le Robert, le Larousse et le Littré).
Embarquez dans cette noble quête et peut-être que, comme moi, vous vous prendrez à regretter que Sony n'ait pas pensé à en développer une suite sur sa désormais nouvelle Playstation...Même si des jeux comme Pandemonum et Pandemonuium 2 se rapprochent de Skyblazer sous certains aspects, notamment le level design.
A bientôt pour un nouveau sujet.
Note de l'auteur : je remercie sincèrement ceux qui, ici et ailleurs, me signifient leur intérêt grandissant pour ces articles et cette nouvelle sous-section de notre forum, et je leur rappelle qu'à l'illustration d'Alec, Trizeal, Atryu, Rikimaru rkm et NoPseudoIdea, cette sous-section vous est ouverte à tous. Et également que FANBOY INSIDE restera à jamais un concept purement littéral, ceux qui espéraient voir un jour les FBI en vidéo risquent de devoir attendre longtemps, pour deux raisons : je suis plus un rédacteur qu'un metteur en scène, et l'AVGN ainsi que le Joueur du Grenier se suffisent à eux-mêmes...