[FANBOY INSIDE 63] Streets of Rage 2
Publié : 21 mars 2011, 11:01
Ces dernières années, la part de beat'em all a singulièrement baissé dans la paysage vidéo ludique, et c'est fort dommage. OK, le scenario de ce type de jeu est en général assez classique : soit il faut sauver sa fiancée, soit protéger les innocents de l'emprise délétère de mafieux, mais après tout, c'est pareil dans une majorité de shmups aussi...
Pas mal de beat'em all sont en fait des jeux à licence, plus ou moins réussis. On a eu de vraies tueries (dans tous les sens du terme) : Final Fight, The Punisher, Cadillac & Dinosaurs, Teenage Mutant Ninja Turtles...
Mais en ce qui me concerne, ce fut une franchise Sega c'est plus fort que toi qui fut mon meilleur moment de cogne en pleine rue. Et après un premier volet déjà très réjouissant, sortit en 1992 un second volet qui reste à mes yeux de myope LA référence en matière de beat'em all, un jeu console capable de rivaliser avec les cadors du genre en coin-up.
BIENVENUE DANS CE FANBOY INSIDE consacré à STREETS OF RAGE 2 !
L'histoire est simple, mais directement liée au premier volet : Adam Hunter, ex co-équipier d'Axel et Blaze, a été enlevé par les sbires de Mr.X, obscur parrain qui pense ainsi pour librement étendre son influence sur tous les trafics de la ville. Mais comme une idée de merde comme celle-ci produit l'effet inverse le plus souvent, les deux rescapés de Streets of Rage reprennent du service, et pire encore, deux nouveaux kamikazes se joignent à l'aventure.
L'intro du jeu est narré e de manière dramatique avec une succession d'images qui n'ont en soi rien d'effrayant mais font comprendre une triste vérité : le crime a repris ses droits....
Il y a donc quatre joueurs disponibles dans ce deuxième volet.
Axel et Blaze sont de retour. Anciens flics de leur état, les deux héros du premier volet sont deux joueurs équilibrés, bien que selon les codes usuels du jeu de bourre-pif, Axel et un poil puis puissant autant que Blaze est un poil plus agile.
Les deux nouveaux venus sont quant à eux plus folkloriques et très opposés dans leur concept même, mais ne manquent pas de charisme. Max est un ancien catcheur avec une haute opinion de justice, c'est la brute épaisse affreusement lente mais d'une force de frappe sans commune mesure avec celle des autres participants. Le "petit" dernier, Skate (ou Eddie selon la version) est un personnage très fragile et d'une puissance toute relative, mais d'une grande rapidité et capable de sauts de puce, ce qui n'est pas inutile face à certains ennemis.
Tout ce petit monde retrousse ses manches, et voilà, vous voici à nouveau largué dans des rues infestées de loubards et autres mafiosi qui n'ont qu'une seule envie : ramener chez eux votre tête en guise de tableau de chasse.
8 stages de coups et blessures volontaires vous attendent jusqu'à la confrontation avec Mr.X. Laissez la diplomatie au vestiaire et préparez-vous à quelques voies de fait dont personne ne vous tiendra rigueur.
Comme énoncé plus haut, le premier Streets of Rage avait fait sensation en son temps par sa variété et son contrôle exemplaire. Et bien, le volet suivant reprend tout ceci et même au-delà, ces éléments sont amplifiés au point de donner rien moins qu'un parfait chef d'oeuvre du genre, et sur console messieurs je vous prie. Les personnages ont tous un panel de coups très poussé : du coup standard à l'enchainement, sans oublier les prises spéciales et les coups puissants qui ont hélas la fâcheuse tendance à vous épuiser physiquement...A se propos, certaines de ces techniques de frappe sont assez sympa, comme celle de Max qui aime faire claquer les os du malheureux entre ses pognes, ou Blaze est ses projections frontales et même German Suplex...A ce propos, Blaze est encore plus sexy dans ce volet avec ses atouts mis en valeur par un décolleté plutôt "mmmmm!". mOn personnage favori dans la bande, évidemment : équilibrée et subtilement dosée entre force, vitesse et sauts, Blaze Fielding est un peu la Chun-Li des beat'em all : LE personnage féminin qui pourrait donner des leçons à bien des brutes épaisses...
Et l'habillage global du jeu est lui aussi revu à l'amélioration. Les sprites sont de toute beauté, ainsi que la lisibilité des écrans est également bien supérieure. Les barres de vie des joueurs et adversaires sont ingénieusement mises en valeur, de sorte à ce que l'on puisse toujours garder le contrôle de la situation, même quand on est cerné par des hordes d'adversaires. E rien de plus trippant que de voir ces barres adverses se superposer quand on règle leur compte à plusieurs vilains en même temps ! Ultime raffinement du gameplay dans ce monde de brutes épaisses : certains mouvements d'esquive et/Ou d'attaque semblent avoir été prévus rien que pour encore magnifier le mode deux joueurs, comme Max qui empoigne l'adversaire pour que son coéquiupier puisse l'achever, ou Blaze et ses mouvements acrobatiques sur les épaules de sa victime...A noter quand même que le jeu contient une bonne dose de Friendly Fire, alors ne cognez pas n'importe comment non plus.
Comme dans un jeu de combat de type "1 vs 1", les capacités de vos héros sont étendues et spécialement bien étudiées : il est possible de commencer un enchainement et de l'achever par un mouvement spécial. Avec Max c'est aux limites de l'obscène tellement même des ennemis très agiles et résistants comme les boxeurs thai du stage 5 finiront par devoir manger mixé faute de dents restantes...
Les ennemis ne sont pas en reste : du punk classique au loubard en tenue de petit rebelle tête à claques, en passant par toute une escouade de karateka, boxeurs thai et autres tapins en tenue de cuir, vos poings et vos jambes ont intérêt à être affûtés. Certains de ces ennemis sont irritants au possible, comme ces fonceurs aveugles qui découpent l'aire de jeu en fonçant droit devant eux avec leurs lames, ou les motards qu'on ne peut violenter qu'après les avoir désarçonnés...D'ailleurs, les ennemis volants ont toujours été ma bête noire dans ce jeu.
Et comme un peu de sauvagerie brute fait toujours plaisir, on peut ramasser un joli lot de joyeusetés tranchantes ou contondantes pour faire regretter plus rapidement aux ennemis d'avoir cessé de têter leur mère ! Entre crans d'arrêt, sabres à longue portée, bouteilles cassées qui fait saigner et autres matraques et tuyaux de plomb, dites-vous bien que tous les coups sont permis et même recommandés. Les armes sont parfois judicieusement disséminées, le sabre par exemple est parfois indispensable, notamment avant le boss du stage 5, le boxeur en tenue de bain, qui est aussi brutal qu'il a l'air stupide.
A noter que certaines armes semblent mieux convenir à certains personnages qu'à d'autres. Blaze est une experte de l'arme blanche qu'elle manie avec dexterité, tandis que Max pourrait écrire un mode d'emploi des armes contondantes....
Les boss sont d'ailleurs tous à l'avenant. Et cognent dur, certains réclament bien plus que la basique technique du "j'te rentre dans la couenne". Afin de leur montrer qui commande, votre approche devra être bien rôdée. Le premier boss est un barman lié au milieu qui use de force brute, mais est assisté de toute une bande se sous-fifres (un classique, le boss trop couard pour vous affronter seul), et on affronte ainsi successivement des gardiens de fin toujours plus teigneux. Il est vivement conseillé de garder une arme comme le sabre ou le tuyau de plomb pour les liquider en s'assurant une marge de sécurité, car ils ont tous en commun de frapper fort...Vous vous rappelez des boss jumelles du premier SoR ? Ici, les deux jumelles sont remplacées par deux robots sautilleurs tout aussi irritants...Et un des rares cas où l'on fait face à des adversaires mécaniques.
La variété des opposants est encore plus travaillée dans ce second volet, avec ces ennemis robots certes, mais aussi quelques créatures à l'origine difficlement identifiable, comme le sous-boss du stage 3 qui se latte soit au poing (à deux, je le surnomme "ping-pong" car une bonne coordination entre les deux players permet de jongler avec sa tête de...de...de je ne sais quoi) soit au sabre. Le boss, un genre de Woverine, a l'air de tout sauf d'un être humain...
J'en vois deux au fond qui pleurent de ne plus pouvoir appeler les condés en bagnole à la rescousse dans ce second volet. Mais au vu de l'extension des possibilités des héros, ce n'est finalement pas une grande perte. Et puis, mieux vaut être seul que mal accompagné, ces distingués poulets devaient surement avoir quelques bavures sur le feu au lieu de venir vous aider. Bon, on se passera d'eux...
Tout original qu'il est, Streets of Rage 2 n'en demeure qu'un beat'em all, et reste sujets aux poncifs du genre, comme les séquences en ascenseur (TOUS les beat'em all ou presque mettent en scene des ascenseurs, passages assez chauds à cause de la limitation de mouvements des héros dans un espace confiné, sous une arrivée massive d'adversaires résistants), les passages sur des tapis roulants, et autres rues mal famées...Mais les niveaux sont tous scenarisés et donnent l'impression d'assister à un film, avec des bruitages de coups aussi parfaits et jouissifs que dans les films de Terence Hill et Bud Spencer ! Après le bar et son patron, le passage dans une salle de jeux évidemment fréquantée par punks et autres loubards, l'exploration d'un bâtiment qui vous amène dans une cave où se déroulent des paris clandestins (et devinez contre qui les joueurs ont parié ?), un plage où vous prendrez plus de gnons que de vacances et une vielle fabrique désaffectée , on arrive finalement au building au sommet duquel se terre le vilain Mr.X. En gros, du jeu d'action et pas pour les petites frappes...
L'environnement sonore est merveilleux, surement parmi les BGM les plus fameuses de la Megadrive. Rythmés et soutenus, les morceaux accompagnent remarquablement votre progression brutale et varient en fonction des passages que vous négociez ! Le thème très jazzy du bar dans le niveau 1 est un parfait exemple de changement d'atmosphère. Et plus on se rapproche de l'objectif, plus les thèmes deviennent mélancoliques, car désormais, vous ne pourrez plus reculer face à votre destin : vaincre ou mourir...Comparez le thème d'ouverture du niveau 1 (sublime et pêchu) avec celui de dernier passage et vous verrez un peu la gradation dans l'angoisse.
Arrivés au building, les derniers combats seront rudes : après un sous-fifre ninja très agile et très prioritaire qui réclamera patience et méthode (pour ma part j'anticipe son positionnement et je me protège le reste du temps), vous voilà face à Mr.X, ignoble salopard armé d'un flingue (seule apparition d'une arme à feu dans le jeu) très rapide et très avisé à filer des coups de crosse au moment précis où vous vous apprêtiez à lui démolir le portrait...Mais à nouveau avec de la patience et de la précision (le plus difficile étant selon moi de ne pas se laisser déborder par les larbins venus seconder le grand méchant), Mr.X est très sujet à la défaite.
Après quoi, les quatre héros découvrent enfin Adam, retenu prisonnier de chaines que Max n'aura sans doute aucun mal à briser entre ses petites mimines...Et ainsi, les conq personnages pourront enfin rentrer chez eux, vainqueurs du syndicat du crime de Mr.X et des "Streets of Rage".
Le premier Streets of Rage (ou Bare Knuckle) s'était rapidement taillé une solide réputation dans le milieu. Mais cette franchise de Sega était-elle supposée être autre chose qu'un one-shot ? L'accueil très favorable de cette première joute a sans dout motivé les concepteurs à nous sortir une suite et se sachant attendus au tournant, ces derniers ont décidément tout fait pour présenter un jeu encore plus excitant que le premier. Et mission accomplie avec ce SoR 2 qui récolte le prix du meilleur beat'em all console de tous les temps, et en ce qui me concerne supérieur à un Double Dragon et même à un Final Fight !
Seul regret ? Que la trilogie SoR se soit achevée par un troisième volet aussi mitigé...Faut dire aussi que faire mieux que SoR 1 était un pari difficile, mais faire mieux que SoR 2 était une réelle gageure...
Et pour conclure, je m'imagine ce qu'aurait donné une pub pour ce jeu avec le très inénarrable punk et Maitre Sega. ("Eh ben, t'as les glandes ? C'est moi, Maitre Sega. Tu veux passer tes nerfs ? Tu veux jouer à Streets of Rage 2 ? C'est parti ! Eh, ramasse ton dentier, il fait désorde par terre !
SEGA, c'est plus fort que toi !")
Streets of Rage 2 est un parfait exutoire et une excellente illustration du vice en réunion, la meilleure combinaison résidant à mon humble avis entre un joueur sachant manier Axel ou Blaze et un autre aux commandes de Max. Une juste répartition des tâches aide à en voir le bout, mon expérience m'aura au moins appris ça : Blaze est excellente, mais face aux boss, son rôle se limitera à porter les premiers coups le temps de laisser Max, gros lourdaud surpuissant de son état, arriver à hauteur du boss et en le finir (en gros, Max vient et une fois le pauvre boss entre ses pognes, considérez-le comme vaincu, écrasé, pulvérisé). Et oui, le boulot en équipe, il n'y a que ça de vrai pour larder la viande des vos opposants. Dommage que le jeu à 4 ne soit pas prévu...4 personnages, 4 joueurs, ç'aurait bien "déchiré la race de sa mère la p***" comme disent les petits cons paumés qui squattent l'escalier et grâce à qui flotte une odeur d'herbe pas légale dans l'ascenseur.
A la revoyure, bande de fanboys.